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vendredi 3 février 2012

Dette grecque : quitte ou double

Un nombre croissant d'Etats-membres, dont l’Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande s'interrogent de plus en plus sur l'intérêt d'aider la Grèce. Rappelons qu'Athènes a déjà bénéficié d'une aide de 110 milliards d'euros depuis mai 2010 et qu'une nouvelle tranche de 130 milliards d'euros est en cours de négociation, dont 90 devront être versés avant fin mars 2012. Et ceci afin d'éviter une mise en défaut de l'Etat. Certains dirigeants y voient le tonneau des Danaïdes, sachant qu'Athènes ne parvient pas à appliquer ses réformes et que la corruption y est toujours aussi développée. Pour illustrer cet état d'esprit, le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble a été jusqu'à suggérer qu’un commissaire européen siège de façon permanente à Athènes pour surveiller le budget grec, une proposition écartée lors du sommet du lundi 30 janvier 2012, à Bruxelles. Les plus réticents semblent penser qu'il n'est nécessaire d'aider la Grèce que pour éviter l'effet de contagion au Portugal et à l'Irlande. Avec une dette équivalente à 160% de son PIB et une économie qui ne représente que 3% du PIB de la zone euro, les européens sont en droit de se poser la question de savoir si la crise grecque n'est pas insoluble.

Or l'Union européenne n'a guère le choix en vérité. Une mise en défaut de la Grèce sonnerait comme un terrible échec pour la zone euro dans son ensemble. Certes, l'UE a fait l'erreur de considérer il y a près de dix ans, que la Grèce était prête à faire partie de la zone euro. Mais maintenant qu'elle y est, l'UE n'a plus le choix. D'autant que certaines solutions négociées actuellement, comme la restructuration de la dette, ont mis trop de temps à faire leur chemin. Nous aurions dû considérer la restructuration de la dette grecque dès 2010, solution qui avait d'ailleurs été avancée par plusieurs responsables politiques. Cela aurait évité à la Grèce la situation qu'elle connaît actuellement.

Un plan de restructuration de la dette grecque en cours de négociation

Lors du sommet de Bruxelles, le 31 janvier 2012, le Président de l'Europgroupe, Jean-Claude JUNCKER, et le Premier Ministre Grec, Lucas PAPADÉMOS, ont laissé entendre qu'il était possible que la Grèce parvienne d'ici la fin de la semaine à un accord avec ses créanciers privés pour effacer une partie de sa dette. Néanmoins, même si les créanciers privés (banques, fonds de pension, assurances) acceptent une perte de plus de 50 % de la valeur de leurs titres, la dette grecque ne sera ramenée que d’environ 350 milliards d’euros (160 % du PIB) à 250 milliards d’euros, soit une diminution de seulement 28,5 %. Paris a donc proposé d'y associer les créanciers publics (BCE, FMI) pour qu'ils renoncent à leur tour à certaines de leurs créances grecques acquises lors du programme de rachats d'obligations publiques depuis mai 2010. La BCE a refusé. Refus également de Berlin : le ministre des finances Wolfgang Schäuble ayant estimé que les créanciers privés « ont gagné suffisamment avec les taux élevés sur les obligations grecques, et doivent maintenant accepter des pertes ».

Parmi les questions en jeu, il y a également les divergences relatives au taux d'intérêt des nouvelles obligations qui seront émises. Le parlement grec « devra voter les conditions de l'émission des nouveaux titres ».

Un nouveau plan d'aide

L'accord de restructuration n'est qu'un élément de la discussion, qui comprend aussi un nouveau plan d'aide que le gouvernement grec négocie avec les créanciers institutionnels (UE-BCE-FMI) pour un montant de 130 milliards d'euros en échange de nouvelles réformes structurelles du côté grec, notamment de la part du secteur privé.

Le temps presse. Si la Grèce ne rembourse les 14,5 milliards d'euros de prêts qui arrivent à échéance le 20 mars, le pays sera considéré en cessation de paiements. Mais les négociations avec le secteur privé traînent en longueur depuis près de trois semaines. Néanmoins, si cet accord aboutissait, cela « anéantirait le danger systémique qui menace la zone euro », estimait le 22 janvier un responsable de Goldman Sachs. C'est tout dire...

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